Sud-Manche. Barrages de la Sélune : le combat continue
Depuis des années, les ouvrages hydroélectriques du Sud-Manche sont sujets à polémiques. Les pros barrages avancent leurs arguments, face à une poignée d’élus, qui campent sur leur position.
Des membres de l’association Les amis du barrage se sont rassemblés, de manière pacifique, ce samedi 5 mai 2018, à Ducey. Parmi eux des pêcheurs, des habitants de Vezins et des personnes qui sont clairement contre l’arasement des barrages de la Sélune. Mais pourquoi sont-ils contre la destruction au juste ?
Un militant de 70 ans, qui souhaite rester anonyme, défend, bec et ongles, le barrage de Vezins. « J’y suis né. C’est le lieu de mon enfance. Mon père y a travaillé en faisant les trois-huit. Je suis un enfant d’EDF. »
Roger Lepertel, 70 ans, est aussi remonté. « Je pêche dans le barrage depuis 1976. J’ai une petite cabane de pêcheur. » On en dénombre une centaine autour du lac qui fait 19 km de long. Plus de 1 000 pêcheurs y ont leurs habitudes. « C’est le seul plan d’eau de la région. On y trouve du sandre, du brochet et de la perche. »
Plus grande réserve d’eau de Normandie
Pour Yvonic Fauchon, 28 ans, « le lac de Vezins est une réserve d’eau, dont on aura besoin. C’est la plus grande de Normandie. » Une destruction des barrages aurait aussi des conséquences au niveau économique selon lui. « Cela va créer une désertification. À Ducey, les entreprises s’inquiètent. Et de nombreuses maisons se trouvent en zone inondable. On tue le territoire », regrette-t-il.
Les militants assurent également qu’il y a des repreneurs potentiels. Ce que conteste le sénateur, Jean Bizet. « Quelle société pourrait s’engager, alors que l’on ignore encore l’ampleur des travaux ? EDF arrête la production d’électricité et ne veut plus utiliser ces infrastructures car l’activité n’est plus rentable et parce qu’il y a des travaux importants à y faire. » Le sénateur tient également à rappeler « qu’une décision de justice administrative interne de la cour administrative d’appel de Nantes a enjoint EDF de faire circuler les migrateurs dans cette rivière et ce, à compter du 31 décembre 2013. Le titre de concession n’ayant pas été renouvelé, cette obligation s’impose désormais au propriétaire de Vezins : l’État. »L’ancien maire du Teilleul ajoute que l’arasement répond à une directive européenne (Cadre sur l’eau) qui exige une qualité d’eau suffisante dans les cours et qui protège les poissons migrateurs. « L’existence de ces barrages ne permet pas la création d’une passe à poisson et empêche les poissons migrateurs de remonter le cours de cette rivière. »