Le 21 Juin les moulins de forge mettaient bas les marteaux
La grande fête des Forges se situait à la Saint Eloi d’été* qui tombait le 21 Juin, cette date correspondait à l’arrêt des moulins ; en effet, l’étiage* faisant, il n’y avait plus assez d’eau dans la rivière pour faire tourner les Roues et les forges s’arrêtaient.
Les ouvriers allaient se louer dans les fermes des environs pour les travaux des champs, les charbonniers en profitaient pour refaire les stocks de charbon de bois et les mineurs les stocks de minerai, (à la reprise du fourneau à Rainville, en Octobre, il y avait six mois de provisions).
Il est de fait que la Fête de la St Eloi était la Grande fête des forges. La veille, les apprentis et servantes nettoyaient la place de fond en comble. Dès le lendemain, tous et toutes lavés et apprêtés, partaient en procession de chaque moulin pour se retrouver sur la place de Longny ; là, les attendait le porteur du Bâton de St Eloi, sur le parvis de l’église, tenant, dans l’autre main, une torche ; ils y entendaient messe et s’en retournaient au moulin et à la forge pour ‘donner à boire aux roues des moulins’, un gâteau, offert par les ouvriers, était ‘frappé par le marteau’, comme souvent dans notre région s’en suivait un grand festin.
Le repas terminé, il était d’usage que le porteur du bâton de Saint Eloi remette la statue du Saint à son nouveau détenteur ; ce nouveau « locataire » monnayait ce bâton, c’était le mieux disant qui remettait au curé la somme convenue, gardant ainsi pour une année ce symbole qui devrait lui apporter chance et notoriété. Les participants suivaient alors ce dernier, en procession jusqu’à sa demeure où il se devait d’offrir ‘un coup de cidre’. Déjà à cette époque « l’on marquait le passage ».
La vie de nos ancêtres était difficile, parfois pénible, mais chacun se respectait et, si les ouvriers se voulaient volontiers familiers avec le Maître de forges, ils lui étaient tout dévoués et toujours omniprésents pour la forge.
N.b * Saint-Eloi a été choisi comme Saint Patron pour de nombreuses corporations : les orfèvres, batteurs d'or, doreurs sur cuivre, sonnetiers, taillandiers et serruriers, forgerons et maréchaux ferrants, les selliers, les maquignons (à cause du cheval dont il avait recollée miraculeusement le pied, après l'avoir ferré), les charretiers et muletiers, les fermiers, laboureurs et valets de ferme. Il est souvent représenté avec des tenailles et un marteau surmonté d'une couronne, une enclume et un fer à cheval.
* L’étiage est le débit minimal d'un cours d'eau, en hydrologie. Il correspond statistiquement à la période de l’année où le niveau d’un cours d'eau atteint son point le plus bas.
Extrait de l'ouvrage les forges du perche (A.Quiblier)