Des fonctionnaires plus puissants que les ministres
Avec une production totalement décarbonée, l’hydroélectricité dispose évidemment de beaucoup d’atouts. À côté des grands barrages d’EDF, la France compte 2 270 petites centrales (moins de 10 MW) qui produisent ensemble l’équivalent d’un réacteur nucléaire par an, soit environ 7 TWh.
Selon France Hydro-Electricité, qui rassemble les professionnels, il y aurait moyen de moyen de faire plus. Le syndicat estime au minimum à 6 TWh, la production supplémentaire d’électricité qui pourrait être obtenue, en partie grâce aux réaménagements des petits ouvrages existants.
Mais il y a un gros hic : le classement des rivières (dans les listes 1 et 2) entrepris ces dernières années et qui interdit ou encadre très fortement les installations hydroélectriques, au nom de la « continuité écologique » et qui a réduit des deux tiers le potentiel français du secteur.
« Dans certains cas, les subventions pour la destruction des petits barrages sont plus importantes que les aides à la rénovation, avec la construction, par exemple, de passe à poisson », explique Jean-Marc Lévy, le délégué général de France Hydro Electricité, qui dénonce le « dogmatisme d’une poignée de fonctionnaires de la direction de l’eau », dont dépend l’hydroélectricité.
Depuis des années, le secteur que la direction de l’énergie et du climat puisse avoir son mot à dire. En vain. « Il y aurait pourtant moyen de trouver des compromis en respectant la migration des poissons. Mais à part les pécheurs, plus personne ne peut mettre un pied dans les rivières », regrette Jean-Marc Lévy.
Résultat, il est de plus en difficile de moderniser les barrages, qui ne répondent plus aux nouvelles normes ou d’en construire des nouveaux, malgré le soutien de la Commission de régulation de l’énergie (CRE).
En 2017, elle a lancé un appel d’offres, répartie sur trois phases, pour construire au total 107 MW, pour des ouvrages dont la puissance comprise serait entre 1 et 4,5 MW. Déjà 27 lauréats ont été désignés très officiellement par le ministre, mais un seul projet pour l’instant à réussir à obtenir toutes les autorisations nécessaires pour se lancer.
Extrait journal LaCroix