Les moulins et le Cormier, même histoire ancestrale.
Aujourd’hui a été planté dans le square Eugène Cordier à Longny au Perche , sous un beau soleil de Janvier, par l’association les Amis Des Moulins 61 accompagnée de la Municipalité de Longny-les-Villages représentée par Christian Baillif, le Maire, et Jean-Vincent du Lac Maire délégué de Longny au Perche, Vice-président du Conseil Départemental de l’Orne, un jeune Cormier (fruitier).
Le cormier est un arbre en voie de disparition qui était cher aux meuniers. La croissance très lente de cet arbre expliquait sa dureté. Originaire du pourtour du bassin méditerranéen, il figurait déjà dans des textes de l’antiquité. Il était fort prisé notamment dans la mécanique des moulins. Ce bois était parfait pour la réalisation des alluchons, (dents d’engrenage) explique A. QUIBLIER le Président de l’ADM 61. Il est, de fait, que lorsque la fonte est apparue, les alluchons, eux, sont restés en bois car alliant dureté et souplesse. Il était également utilisé par les artisans, tels que menuisiers, ébénistes et pour la fabrication de leurs outils, rabots, maillets, guillaune, trusquins, manche d’outils.
"Longny-au-Perche qui, autrefois, était flanqué de huit moulins se devait de marquer par la plantation de cet arbre ancestral, son attachement au patrimoine", a indiqué J.V.du Lac.
Fidèles à la devise de l’association des Amis Des Moulins 61 Sauvegarder pour transmettre, les membres de l’Association, qui étaient présents, ont déclaré, « C’est en mémoire des artisans et des meuniers de notre région, le Perche, qu’aujourd’hui nous plantons cet arbre. »
BONNE ANNEE 2022
L'association les amis des moulins 61, vous souhaite à tous, adhérents et amis,
une belle et heureuse année.
Réussite dans vos projets ...
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Seuls ceux qui ont la mémoire longue sont capables de penser l’avenir. Friedrich Nietzsche.
Ou les moulins dans l’histoire.
C’est en parcourant les vieux ouvrages que nous ont laissé les historiens qu’apparait toute l’importance des moulins à travers les âges.
Souvent, j’aime à parcourir des textes qui reprennent les actes, donations et autres ou l’on «fait chercher» quelque sacs de « troys septiers d'avoyne sur le moulin de Montgayon ou ung septier de bled, ung septier de saigle et ung septier d'avoyne au Moulin de Radray ,sur la mestairye de Radray paroisse de Loisail) » et ceci en l’an 1185...
Ces Textes font revivre Messires, Robert Gruel, Guillaume du Pin, Gaultier de Bresnard et Gervays Chevreul, Payan de Mauregard et ses estangs, Robert des Forges et Rodolphe son fils. Toujours au 12 ° siècle…
Voyez-vous, les récits des moulins de l’époque foisonnent, dans ces vieux textes, et cités, en plus grand nombre d’ailleurs, que les manoirs, châteaux ou églises, abbayes, monastères, cloîtres etc… ils se retrouvent donc, à jamais, gravés dans l’histoire de nos provinces et de notre pays.
Ce que je viens de citer vous le retrouverez dans l’ouvrage
Bart Des Boulais, Léonard (1566-16..). Auteur du texte. Recueil des antiquitez du Perche, comtes et seigneurs de ladicte province... / pages 143/144 .
Il est bon de noter que viennent s’ajouter aux livres anciens « *les cartulaires » écrits par les moines des différents abbayes, diocèses ou paroisses ; nombre d’entre eux sont en latin donc difficiles à traduire mais certains l’ont cependant été par des ecclésiastiques scrupuleux (merci à eux), ce qui nous permet, à ce jour, d’y retrouver moult et moult précieuses informations sur ce moyen âge.
*Cartulaire : Recueil de copies des actes attestant les titres et privilèges d'une personne ou d'une communauté. Synonyme : chartrier
Ces témoignages d’actes sont importants pour les historiens, même amateurs… (sic) que nous sommes et les moulins se devraient d’être d’autant plus considérés pour ce qu’ils sont « UN VERITABLE PATRIMOINE DE PAYS » ; dès lors qu’ils sont avérés par des textes ils se devraient d’être protégés par le patrimoine et le Ministère de la culture (c’est dans ce sens que nous allons, nous, ADM 61, envoyer, début janvier, une nouvelle supplique à Mme la Ministre de la culture pour lui demander sa protection !), même s’il est vrai que les ouvrages hydrauliques ont été remaniés, à travers les siècles, pour les « moderniser ».
Pour certains de nos détracteurs les moulins ne servent plus à rien il faut donc les détruire ! Alors peut-être faut-il détruire églises, cathédrales, châteaux, manoirs, couvents, cloîtres, statues, enfin tout ce qui constitue nos racines ???…
J’ai pris volontairement l’exemple de ma province d’adoption qui est le Perche mais dans chaque province ou région vous retrouverez trace de ces ouvrages.
Je vous conseille le site de Bibliothèque nationale de France (BNF), si vous ne le pratiquez pas déjà.
https://gallica.bnf.fr/accueil/fr/content/accueil-fr?mode=desktop
Ce dernier n’est pas toujours facile à consulter mais il suffit d’un peu de pratique. Autrefois, ce site était plus accessible et plus simple à consulter mais …
De plus en plus, les archives départementales numérisent leurs documents et les mettent en ligne, ce qui nous permet de préparer les visites dans les salles de lecture. Nous pouvons donc les en remercier.
Peut-être, en ces temps quelque peu contraignants, sommes-nous plus à même de nous consacrer à ces recherches car, devons-nous le rappeler, il est important de mettre en avant ce patrimoine que sont nos moulins, aujourd’hui, ils doivent sortir de l’oubli !
« Seuls ceux qui ont la mémoire longue sont capables de penser l’avenir ».
Friedrich Nietzsche.
Alors mes amis profitez de ce temps que vous laissent les médiocres programmes de la TV... « oubliez les paroles » et plongez-vous dans l’histoire de vos moulins.
Sur ces mots, je profite de ce dernier billet de notre Blog pour 2021 et vous souhaite tous mes vœux de bonheur et de réussite pour 2022.
Que vivent nos moulins !
André QUIBLIER
Président de l’ADM 61
ADM.61@orange.fr
Le ministère de l'écologie est-il en train d'organiser sciemment un contournement massif de la loi?
La loi climat et résilience de l'été 2021 interdit la destruction de l'usage actuel et potentiel des ouvrages hydrauliques, en particulier des moulins à eau. Mais selon nos informations, les services du ministère de l'écologie sont en train d'organiser sciemment un contournement de cette loi par une interprétation totalement fantaisiste de la situation juridique. Leur but : continuer à casser malgré le refus explicite de cette solution par les représentants du peuple français.
Arrêt de la destruction des moulins. Un film de la FFAM.
L’exposé technique est clair. Présentation par Pierre MEYNENG, très juste sur l’historique, les cours d’eau sans eau et l’exposé des dérives administratives. L’administration pourrait détruire tous les moulins de France qu’elle n’est évidemment pas capable de garantir, en contrepartie d’un diagnostic dogmatique, l’amélioration immédiate de la qualité des masses d’eau.
Si les espèces piscicoles se sont accommodées des obstacles posés par le castor et l’homme en travers des cours d’eau, elles ont été considérablement modifiées après 1960, puis depuis 1970 au mieux génétiquement très transformées, au pire décimées par les pollutions et annuellement copieusement réempoissonnées par des espèces issues de piscicultures.
L’avis des parlementaires
L’autre intérêt indéniable est d’avoir eu l’idée de mettre en évidence les propos des parlementaires et de leur rendre un hommage légitime (voir à partir de 24 minutes).
https://www.youtube.com/watch?v=Ag_U2NXVcLY
Et la suite à donner ?
L’étape suivante sera d’exiger la reconstruction des ouvrages détruits par erreur manifeste d’appréciation administrative au visa de la transition énergétique et de nos besoins croissants en eau, c’est-à-dire de l’intérêt général.
Il ne serait pas crédible de tourner cette exigence en dérision. Nous avons le précédent du remembrement où, entre 1970 et 1990, selon les préceptes instruits dans toutes les formations agricoles, vulgarisées sur le terrain et subventionnées, toutes les haies ont été arrachées et toutes les zones humides asséchées par un réseau de fossés trapézoïdaux très profonds, rectilignes.
• L’Etat a payé pour détruire la nature en faisant régresser la biodiversité dans des proportions phénoménales.
• L’Etat paye depuis 20 ans pour reconstituer les haies et les zones humides, à ceci près que la compensation environnementale (avec bâches et manchons pétroliers) pourrait avoir un petit gain écologique dans 20 ans.
En clair : 20 ans pour détruire, 20 ans sans rien faire et enfin comprendre qu'il fallait réagir, 20 ans pour tenter de réparer = la biodiversité a régressé d’un siècle.
Mais la "compensation" n’est qu’un concept de repentance administrative devenu légal, sous le poids d’exigences sociales. Ce qui est perdu en termes environnemental l’est bel et bien.
Les besoins en eau pourraient stimuler les neurones bien plus vite pour reconstruire des ouvrages hydrauliques (moulins et étangs détruits) que les besoins sociétaux invoqués en termes de biodiversité ne l'ont été pour renaturer la nature.
Si la biodiversité est essentielle, l’eau reste vitale.
Par OCE
D'eau et de feu, comment l'énergie hydraulique industrialisa la France (Benoit 2020)
Dans un ouvrage dense et érudit, l'historien Serge Benoit montre que l'industrialisation de la France dans la période 1750-1880 fut largement fondée sur l'exploitation de l'énergie mécanique de l'eau et et l'énergie thermique du charbon de bois. Ces énergies renouvelables classiques ont su alors montrer la "modernité de la tradition" issue de la période médiévale. Une réflexion qui nourrit les débats actuels, puisque la fin du fossile conduit chaque territoire à exploiter ses sources naturelles d'énergie.
DANS L'ORNE LA MONTAGNE QUI ACCOUCHE D’UNE SOURIS…
Cette expression date du XVIIe siècle, elle fut rendue célèbre par une fable de Jean de la Fontaine. Cette métaphore compare la taille d'une montagne à un projet ambitieux dont on attend beaucoup et pour lequel on obtient une souris, c'est-à-dire quelque chose d'insignifiant.
Pour être clair… Obtenir des résultats médiocres pour un projet ambitieux
Devant le tollé général que l’article publié dans le journal du 17 novembre de « Orne hebdo » a suscité de la part de nos adhérents mais aussi des associations de sauvegarde des rivières et moulins voisines de notre département, nous avons décidé de répondre à ce « tissu de propos incohérents » car, une nouvelle fois, nous constatons les aberrations diffusées par les syndicats de rivières et leurs techniciens. Certes, tous ces organismes ne sont pas à mettre dans le même panier et le bon sens est de mise chez certains mais les propos absurdes sont ancrés chez d’autres, idées qu’ils tentent d’ailleurs de faire passer, la bouche en cœur…auprès des riverains de nos cours d’eau.
Cet article est consultable sur :
« On doit ouvrir les vannes à fond dans l’Orne, par contre, dans la Sarthe on demande de ne pas ouvrir nos vannes ». Et plouf…
Le Syndicat du bassin de la Haute Sarthe a encore raté un épisode…
Dans cet article, le technicien nous vante les bienfaits des ouvertures de vannes de moulins, alors que nous prenons connaissance, dans le même temps, de tout son contraire par un document officiel de l’Animateur de la Commission Locale de l’Eau (CLE)
« SAGE du bassin versant de la Sarthe Amont qui déclarait le 19 novembre 2021 La date butoir du 15 novembre étant dépassée, l’ensemble des 4 secteurs séparant l’axe Sarthe sur le bassin de la Sarthe amont pourrait bénéficier de l’ouverture hivernale des vannages.Néanmoins, comme vous le savez, il est nécessaire pour lancer cette démarche que le débit hebdomadaire de la Sarthe à St Céneri le Gerei dépasse les 5 000 l/s.
« A l’heure d’aujourd’hui, le débit hebdomadaire est 2 200 l/s, soit bien deçà du seuil, ce qui ne permet pas d’entrer actuellement dans la gestion coordonnée hivernale »
La flûte enchantée…
Une véritable « explosion de biodiversité …»
Ce que nous en déduisons, c’est qu’à croire que les techniciens de rivière du syndicat de bassin de la haute Sarthe sont des magiciens puisque qu’en à peine deux ans ils ont fait revenir des espèces de la flore disparues depuis déjà très longtemps sur les berges de la Sarthe.
Question, en avait-on fait l’inventaire avant 2018 cad avant les travaux ? A notre connaissance NON ! Aujourd’hui, ce sont carrément 200 espèces qui sont de retour alors qu’avant les modifications du moulin il n’en restait que …15 … 200 espèces dont, tenez-vous bien, 5 sont sur la liste rouge des espèces à protéger, « MIRACLE » encore une fois avait- on fait l’inventaire avant les travaux ?
Lorsque l’on voit comment les remises « en fond de vallée » se passent et les dégâts sur la biodiversité installée depuis des siècles…
Lire pour mémoire ; http://lesamisdesmoulins61.over-blog.com/2021/09/la-riviere-en-fond-de-vallee-fait-perdre-l-usage-et-la-valeur-des-pres.html
On a beaucoup de peine à croire cela ; en effet, on détruit la biodiversité installée depuis des siècles au bord des biefs des moulins, voire sur des zones classées « Natura 2000 » pour créer une « zone « explosion de biodiversité »… en fond de vallée ; laquelle ne pourra, logiquement, que mettre des dizaines d’années avant de s’installer.
L'abaissement des lignes d'eau, objectif constant de la "renaturation dogmatique" a un effet catastrophique sur les zones humides, véritables foyers de la biodiversité des rivières, en les asséchant littéralement et définitivement, nous les détruisons, alors de qui se moque-t’on ?
Le technicien de rivière du syndicat de bassin de la haute Sarthe nous dit que cette action répond à l’objectif fixé par l’union Européenne !!! Cette allégation est totalement mensongère ! En effet, aucune destruction d’ouvrages de moulins n’est demandée par l’Union Européenne et la législation française dit même le contraire !
On nous dit encore, dans cet article, que les poissons se reproduisent davantage, question, en a-t-on la preuve ?
Avons-nous une étude qui confirme cet état de fait ? Nous savons, chose qui est cette fois confirmée par la science, que ce sont les pesticides, les produits endocriniens et métaux lourds qui polluent nos rivières et perturbent les fraies de poissons. D'ailleurs les insectes, espèces sinistrées, ont disparu, entraînant la disparition des poissons qui abondaient dans nos rivières il y a seulement 25 ans. Et ce n'est pas la remontée des saumons, si chère aux écolos dogmatiques qui vont nettoyer les rivières, le saumon aventureux déjà affamé, comme ses consœurs les truites de nos rivières, ne résisteront pas à la pollution !
La "renaturation" est un dogme aberrant!
C'est comme d'affirmer que la Terre est plate! Ce n'est pas en le répétant mille fois et en ignorant les faits et évidences que cela va devenir réalité. Nous n’avons pas compris encore comment l’effacement des ouvrages peut éviter, même en partie, les inondations puisque c’est bien connu que les ouvrages hydrauliques ont pour action de casser la force et le volume des montées d’eau. C’est donc tout le contraire qui se produit et, encore une fois, toutes les études le prouvent ! Les faits démontrent les dégâts causés par nos « apprentis sorciers » !
Lire l’article du journal Orne hebdo du 17 novembre 2021
https://actu.fr/normandie/alencon_61001/riviere-sarthe-dans-l-orne-l-eleveuse-de-chevaux-s-estime-privee-d-un-outil-de-travail_46486564.html
Nous lisons, toujours dans le même article : Une rivière, cela déborde naturellement, les crues sont inévitables et même souhaitables… devons-nous comprendre que les techniciens de rivières souhaitent rétablir les inondations d’« origine » avec les dégâts qui en résultent !
Alors, toujours d’après le technicien de rivière du syndicat de bassin, le conflit qui oppose les propriétaires de moulins et les syndicats de rivières ne serait que « méconnaissance et incompréhension »…
OUI ! Nous sommes sur ce point totalement d’accord avec eux c’est une véritable méconnaissance et aussi un certain dogmatisme qui les conduit à ces conclusions. Peut-être que le syndicat de rivière et ses techniciens devraient suivre d’un peu plus près les informations que nous publions sur notre site spécialisé. (Voir sur http://www.hydrauxois.org/ ) et sur les courriers de nos Fédérations FFAM/FDMF/ARF. Nous nous engageons à faire parvenir, dans les jours qui viennent, le prochain courrier d’informations de la FFAM (Fédération française de sauvegarde des moulins) au syndicat de bassin de la haute Sarthe.
Enfin, on parle dans cet article de zones humides.
Nous sommes surpris que ce sujet soit abordé car voilà des années que nous mettons en avant les centaines de zones humides que représentent, dans notre département, les berges de nos biefs et que nous avons à cœur de protéger bénévolement !
L’entretien des dites berges ainsi que des zones de protection de la faune et de la Flore ne coûtent pas un sous d’argent public car ce travail est fait, par les propriétaires avec passion et gratuitement ! Alors, combien a coûté cette remise « à sa vraie place de la rivière » en comptant l’achat foncier du moulin par le syndicat de bassin de la haute Sarthe plus les travaux d’engineering et tout cela pour déplacer une biodiversité installée depuis des siècles sur les berges de la Sarthe et, surtout, suivre le bon vouloir des techniciens de rivières sans qu’aucune étude préliminaire ne fasse ressortir le comparatif coût – résultat escompté… , il est donc avéré que l’on suit aveuglément les déclarations du syndicat de rivières sans entendre les contradicteurs.
Il s’agit pourtant de l’argent public !
L’eau n’appartient à personne, c’est un bien commun et nul ne devrait avoir le pouvoir d’en prendre possession sans en débattre auparavant avec les principaux acteurs de l’eau que nous sommes ! Ces actions sont l’expression de la dictature d'une minorité sur les rivières Françaises.
ADM 61- courriel: adm.61@orange.fr.
Nous terminerons cet article par cette
Fable, de Jean de La Fontaine,
LA MONTAGNE QUI ACCOUCHE
Une Montagne en mal d'enfant
Jetait une clameur si haute,
Que chacun, au bruit accourant,
Crut qu'elle accoucherait, sans faute,
D'une cité plus grosse que Paris ;
Elle accoucha d'une souris.
Quand je songe à cette fable,
Dont le récit est menteur
Et le sens est véritable,
Je me figure un auteur
Qui dit : Je chanterai la guerre
Que firent les Titans au Maître du tonnerre.»
C'est promettre beaucoup : mais qu'en sort’ il souvent ?
Du vent…
La montagne qui accouche, Livre V, fable 10
Le titre qui permet d’exploiter un moulin sans autorisation est perdu si ses éléments essentiels sont devenus inutilisables
Nous ne dirons jamais assez que les ouvrages de nos moulins doivent être entretenus. Même s' ils ne sont pas complets ils ne doivent pas être en ruine, ruine qui vous obligerait à demander une autorisation à l’administration pour les remettre en état. Nous nous permettons de rappeler ici la définition du mot « ruine »… "Débris d'un édifice ancien ou écroulé." Ceci afin que personne ne se méprenne…"
Destruction d'ouvrages hydrauliques désormais illégale : signalez-nous les projets litigieux
Nous avons mis en place avec la CNERH un formulaire en ligne de signalement des destructions illégales d'ouvrages hydrauliques. La justice doit faire son travail, aidez-nous à la saisir dans tous les cas litigieux. Depuis 12 ans au moins, la mise en oeuvre de la politique française de continuité écologique des cours d'eau (*) est contestée avec virulence dans tous les bassins versants. La raison est claire : le ministère de l'écologie avait choisi de privilégier, sinon d'imposer par harcèlement administratif, puis par chantage financier, la destruction des ouvrages hydrauliques (barrages, chaussées de moulins et d'étangs etc...). Or, cette doctrine n'était pas prévue dans le code de l'environnement, encore moins exigée par Bruxelles dans la DCE 2000. A telle enseigne que les parlementaires ont dû insister sur ce point en précisant en 2021 que les ouvrages qui doivent être "gérés, entretenus équipés" (art L.214-17 CE) et non "détruits" . Une destruction désormais illégale, qualifiée pudiquement "d'effacement", comme on efface une faute. Ces ouvrages ne constituent pas "des fautes". Ils ont contribué depuis des siècles à la survie des populations puis à l'essor industriel de la France au 19ème siècle. Leur destruction dogmatique, au mépris de l'intérêt général, ampute le patrimoine historique et culturel, néglige l'agrément paysager, va à l'encontre d'une production d'énergie bas-carbone et fait fi de la gestion quantitative de l'eau.
(*) insistons toujours : personne ne s'oppose au principe de la continuité écologique, mais la très grande majorité n'a jamais accepté les modalités d'application du passage en force dogmatique, dérogeant 100% à l'esprit des débats parlementaires. Surtout à l'heure où les services vendent la concertation, la co-construction.
Nous déplorons le grand écart entre les intentions, jamais suivies d'effet, et la pratique administrative.
Formulaire de signalement de destruction d'ouvrage hydraulique
La meulière, pierre nourricière du « terroir » parisien
I/ Etymologie et Histoire
La meulière est un matériau connu et exploité depuis un temps immémorial, dès qu’on a recherché la meilleure pierre dure et compacte pour fabriquer des meules à moudre le grain et qu’on a commencé à construire en dur, pour remplacer le bois et le torchis.
Le mot « molaris » (de « mola », la meule) désigne au VIIème siècle la pierre meulière et au XIVème siècle l’italien Boccace évoque dans son « Decameron », traduit deux siècles plus tard en français, «les pierres de moulliere » dont on fait les meules pour moudre la farine.
Au XVIIème siècle différents écrits mentionnent la pierre de « molière » qui donne son nom à plusieurs communes de France – dont le village Les Molières dans l’Essonne (à une vingtaine de kilomètres de Viroflay) – où cette pierre était extraite. On ne peut, bien sûr, s’empêcher de penser à l’illustre homme de théâtre qui prit ce mot pour pseudonyme, mais Molière est resté muet sur ce choix…
Quoi qu’il en soit, la pierre meulière fait son entrée à l’Académie des Sciences en 1758, avec le naturaliste Jean-Etienne Guettard, une figure oubliée du Siècle des Lumières. Son « Mémoire sur la pierre meulière » contient la première description de l’exploitation de cette pierre.
C’est au XIXème siècle que la renommée de la meulière va s’épanouir dans une reconnaissance totale, à la fois artistique, scientifique et économique.
En effet, en 1835 et 1836, sont produites par la Manufacture royale de Sèvres, trois assiettes en porcelaine représentant « l’exploitation de la meulière à la Ferté-sous-Jouarre ». Elles sont peintes par Jean-Charles Develly (1783-1862) qui se rendit sur place et rapporta des croquis précieux pour la connaissance de cette industrie, jugée digne de figurer dans le « Service des Arts industriels ».
La littérature témoigne aussi de l’existence de la meulière dans le paysage parisien. Victor Hugo dans « Le Rhin, lettre II du 21 Juillet 1842 » l’évoque dans les environs de la Ferté-sous-Jouarre : « A ma gauche, il y avait une carrière de pierres meulières. De grosses meules toutes faites et bien rondes, les unes blanches et neuves, les autres vieilles et noires, gisaient pêle-mêle sur le sol, debout, couchées, en piles, comme les pièces d’un énorme damier bouleversé».
Dans une nouvelle, « Angélique », de son livre Les Filles du feu (1854), Gérard de Nerval, souligne l’aspect curieux de la pierre, dans un village proche d’Epernay : « Toutes les maisons sont bâties en pierres meulières trouées comme des éponges par les vrilles et les limaçons marins ».
La même année, un ingénieur des Mines, Pierre Armand Dufrénoy, auteur de la première carte géologique de la France, publie un « Rapport sur le gisement des pierres meulières des environs de Paris ».
Tout y est dit sur la nature de cette roche dure, un « quartz fait de silice » et sur l’importance de l’exploitation, avec la distinction, selon l’emploi et la localisation, de la pierre à meule et de « la pierre des architectes ».
La voie était toute tracée pour les géologues à venir qui vont approfondir ces recherches.
II/ Qu’est-ce que la « meulière » ?
Dans son ouvrage « Voyage d’un grain de sable », paru en 2015, l’éminent géologue du Museum d’Histoire Naturelle, Patrick de Wever définit la meulière comme « une roche de couleur beige à rouille, plus ou moins caverneuse, formée entièrement de silice. C’est une roche secondaire, c’est-à-dire qui s’est formée aux dépens d’une formation préexistante. Elle résulte en général de la silicification d’un calcaire lacustre.”
Rappelons très succinctement que, dans le Bassin parisien envahi par la mer à l’ère secondaire, s’est opérée ensuite, pendant des millions d’années, une sédimentation de roches (sable, argile, calcaire), accompagnée d’érosion et de transformations complexes comme celle qui a donné naissance à la meulière. Que les géologues me pardonnent ce raccourci de profane…
Monsieur de Wever souligne ensuite l’intérêt de cette roche : « Elle était utilisée pour les meules car elle ne laisse pas s’échapper de grains à l’usure, à la différence du grès. Elle est un excellent matériau de construction car elle est à la fois extrêmement solide, insensible à l’altération de l’eau de pluie, imperméable et poreuse. Elle constitue de ce fait un isolant phonique et thermique ».
III /Localisation de la meulière
Le rapport Dufénoy, précédemment cité, ainsi que d’autres études locales réalisées par des instituteurs en 1899, ont permis de recenser, village par village, les lieux d’extraction de la meulière en Île-de-France.
Ceux qui produisaient les meules se trouvaient à La Ferté-sous-Jouarre (Seine et Marne), capitale mondiale de cette activité, dans la commune des Molières (Essonne) et dans les environs d’Epernay (Marne).
197 autres carrières sont mentionnées dans l’ancien département de Seine et Oise, dont 148 sont situées dans l’Essonne, réparties sur 63 communes.
A l’exception de plusieurs exploitations en Dordogne, près de Bergerac, la meulière est donc localisée essentiellement au Sud-Sud-est de Paris, ce qui s’explique par l’histoire géologique du Bassin Parisien.
IV /Exploitation de la meulière
L’exploitation a connu son apogée entre la fin du XIXème siècle et l’entre-deux-guerres. Les exploitations les plus importantes pour la pierre de construction étaient celles de la société Piketty à Grigny et Viry-Châtillon.
Les carrières étaient exploitées à ciel ouvert. Les carriers, majoritairement italiens du Piémont, extrayaient la pierre à l’aide de pioches, de pelles et de barres à mine, ce qui n’était pas sans risque…Une enquête de journalistes, datée de 1908, évoquait la vie difficile de ces travailleurs d’un « métier qui tue ».
Grâce à la proximité de la Seine, la pierre était transportée jusqu’au port le plus proche, par voiture tirée par des chevaux ou des bœufs, puis, le progrès aidant, par petit chemin de fer à voie étroite réservé à cet usage. La pierre était ensuite chargée par des ouvriers, appelés « bardeurs », souvent italiens eux aussi, qui la déversaient dans des barges remorquées jusqu’à Paris, quai Henri IV. La capitale était en effet le principal débouché de cette industrie.
La pierre pouvait être aussi expédiée en chemin de fer.
Au fur et à mesure de l’industrialisation et de la modernisation, d’autres professions vont se développer aux côtés des carriers : conducteurs de locomotives, forgerons pour réparer certaines pièces, surveillants des puits, constructeurs et réparateurs de barges : toute une main d’œuvre nourrie par la meulière !
V/Utilisation de la meulière
Sa vocation de pierre de construction la fait utiliser depuis des temps reculés pour de modestes maisons rurales, des lavoirs, des puits dont on retrouve beaucoup de traces et qui font le charme des villages.
Sa solidité en fait un matériau privilégié pour la construction d’ouvrages d’art, comme les ponts, les aqueducs (celui de Buc qui date de 1686) les viaducs (les “Arcades de Viroflay”), des édifices à caractère religieux (Eglise Saint-Eustache à Viroflay). Des tonnes de meulière ont servi aussi pour les grands travaux du Baron Haussmann, pour des conduits d’égouts, pour des prisons (la Santé, Fresnes), pour les voûtes du Métropolitain en 1900, la liste est longue avec de nombreux bâtiments publics comme les mairies, les écoles et les gares.
De la fin du XIXème siècle jusqu’aux années 30, la meulière va être très recherchée aussi pour la construction de grandes villas bourgeoises signées par des architectes de renom comme Léon Bachelin (1867 1929) connu pour ses maisons à Versailles, au Chesnay et à Viroflay. La meulière y est associée à d’autres matériaux pour la mettre en valeur : la brique, la céramique insérée sur les façades, le verre et le fer forgé pour les marquises, ces petits auvents au-dessus des entrées, tout un style va naître, inspiré de l’Art Nouveau.
Pour jointoyer la pierre, les maçons vont exprimer tout leur savoir-faire dans le rocaillage, technique qui remplit les joints de petits éclats colorés (meulière, coquillage, mâchefer, céramique) scellés dans un crépi de mortier. Tout un art !
Parallèlement à la construction de ces grandes demeures, et suite à différentes lois pour remédier à la crise du logement dans les années 20, un grand nombre de pavillons vont être construits …en meulière, bien sûr !
Après cette explosion pavillonnaire, l’exploitation de la meulière va décliner après la seconde guerre mondiale, à cause des coûts élevés et de la concurrence du parpaing, plus rapide à fabriquer et du développement des constructions en béton armé. L’extraction s’arrête vers 1970.
VI/ Conclusion
La meulière, richesse du sous-sol, a une part essentielle dans l’identité francilienne. Sa double vocation de pierre à moudre et de pierre à bâtir a nourri l’homme pendant des siècles et a nourri aussi sa créativité en développant un savoir-faire unique.
En ce XXIème siècle, tourné vers l’écologie et le naturel, on restaure des moulins, on réemploie des meules de La Ferté-sous-Jouarre, ce qui n’est pas sans plaire à Monsieur Jacques Beauvois, ancien apprenti meulier et collectionneur passionné de meules et outils dont il nous a prêté quelques pièces. Qu’il en soit remercié.
Quant à nous, Parisiens, donnons longue vie à la meulière, cette pierre nourricière, pur produit de notre « terroir » !
Article écrit par l’association Sauvegarde Viroflay Patrimoine
sur http://www.patrimoine-environnement.fr/la-meuliere-pierre-nourriciere-du-terroir-parisien/