LE MOULIN AUX VIOLETTES ECOUCHÉ-LES-VALLÉES

LE MOULIN AUX VIOLETTES

ECOUCHÉ-LES-VALLÉES

Une roue de 48 pales pour traiter 120 hectos de blé par jour

SURVOL HISTORIQUE :

Le moulin d’Ecouché se trouve sur un site à moulins en bois connu depuis le haut Moyen-Âge.

Des moines irlandais (SCOTTI) installés dans la région au VII ème siècle y auraient construit des moulins.

Le 18 Juin 1066, la reine MATHILDE et le duc GUILLAUME offrent à l’Abbaye-aux- Dames : “La dîme de Waci (Gacé) et de Scocei (Ecouché) sur le tonlieu (impôt sur le transport des marchandises), la prévôté, les moulins et le poisson”.

En 1220, dans le cartulaire normand on note l’échange entre PHILIPPE AUGUSTE et les héritiers du comte d’Alençon, ROBERT III, des domaines d’Essay et d’Ecouché : “le moulin de la Folletière, en défalquant la dîme : 5 sous, le moulin de l’Orne : 28 livres et demie, les prés, l’écluse : 5 sous”.

Au XIV ème siècle, les vavassories de Cui ont pour obligation envers le baron Jean de TILLY, seigneur d’Ecouché, d’entretenir le moulin.

En 1605, dans l’aveu d’URBAIN d’ARCOURT à JACQUES II de MONTGOMMERY on note : “Moulin à blé et place des moulins, appelés moulin d’Orne et de la Foltière, auxquels les hommes et bourgeois d’Escouché sont baniers et moultants d’iceux moulins”.

Le 4 Juillet 1690, le parlement du Dauphiné mentionne que le baron d’Ecouché, Claude le TONNELIER de BRETEUIL est “en possession et jouissance de la digue et chaussée situées dans la rivière d’Orne, sous le bois de Goulet pour dériver l’eau de la dite rivière et la conduire par le canal servant l’usage de ses moulins d’Ecouché”

Il fut avant la révolution propriété de Louis Félicité Omer marquis d’ESTAMPES.

En Mars 1789 le cahier de doléances établi par les écubéens demande l’abrogation des “banalités” des moulins (obligation d’y venir moudre et de l’entretenir)

Le 24 Thermidor An 2, il est vendu par le Gouvernement à M. LECHALLIER, LEMARIÉ et PARIS.

En 1810 on dénombre 29 moulins à eau dans le canton d’Ecouché.

Entre le 29 Mars 1813 et le 4 Juillet 1884, au moins 7 propriétaires se succèdent.

Dans les minutes d’une adjudication de 1884, il est mentionné que le moulin avait été incendié et reconstruit par M. BÉRARD père (1867-1868). Le moulin est alors surélevé de 2 étages.

Le 25 Septembre 1890, M. BÉRARD père vend le moulin à M. Jules BÉRARD (Sur le pignon, face à la rue et sur le côté aval, figurait encore en 1977, la mention “MINOTERIE Jules BERARD” en grosses lettres).

Entre 1890 et 1930 le moulin change 4 fois de propriétaires.

Le 25 Février 1930, Robert FREULON en fait l’acquisition auprès de la Société du COMPTOIR D’ESCOMPTE DE L’OUEST.

Le 8 Février 1977, les héritiers FREULON le vendent à Catherine et Marcel VIOLETTE qui y installent les ateliers de l’Asbl “LA MARIONNETTERIE” (clin d’œil à l’ancienne MINOTERIE ), affectés à la construction de décors de théâtre et de marionnettes.

Un second moulin devait exister à Ecouché, non loin de celui-ci, à l’angle de la rue du Gl. Warabiot et de la Ruelle du Moulin. La maison du XVI ème siècle présentait un trou de 70 cm de long qui devait probablement acceueillir l’axe d’une roue de moulin.

LE MOULIN EN CHIFFRES :

Le “bief d’amenée” ou “bief d’amont” du moulin, long de 2571 m., est un canal de dérivation de l’Orne, également alimenté par la Cance. Il traverse Le Goulet et Ecouché.

Un vannage situé à 12 m en amont de la roue est constitué de 6 portes permettait de régler le débit de l’eau qui actionnait la roue “par en-dessous”.

L’eau en surplus était évacuée dans l’Orne par les vannes dans le “bief de décharge”. La roue constituée de 48 aubes en bois de frêne espacées de 40 cm montées sur une charpente métallique fixée à un axe en acier de 3 m. de longueur.

Après son passage sous la roue, l’eau regagnait l’Orne en traversant Ecouché pendant 150 m. en empruntant le “canal de fuite”.

Les 2 km 800 de bief représentent une superficie d’environ 4 ha.d’eau.

Le bâtiment principal construit sur une ile présente 5 niveaux de 17, 85 m. de long sur 9 m. de large, soit ± 800 m2

D’anciennes écuries accueillaient les chevaux venus livrer le blé par la rue de la Queue de l’Eau (en roulant sur le lit du bief de fuite empierré à cet effet) ou par la rue du Moulin (anciennement rue du Gl. Warabiot).

On peut voir sous le passage d’entrée un énorme baigneur, cette curieuse et imposante sculpture est l’œuvre de Pascal ROSIER (1977). Décor de théâtre d'une pièce qui fut jouée pendant le festival d'Avignon par une comédienne assise en tailleur entre les jambes du bébé. Elle donnait à entendre les problèmes sociaux, sexuels, matrimoniaux, culturels et existentiels des femmes.

UN TÉMOIGNAGE

“En 1921, année de grande sécheresse, on a installé une machine à vapeur devant le moulin, près de la roue. Le pompage de l’eau se faisait devant la roue. On alimentait en combustible par une poutre métallique. Il y avait 2 chauffeurs qui faisaient du feu jour et nuit.

Pour relayer l’énergie hydraulique trop faible par moments, une machine à gaz pauvre (gazogène) avait été installée derrière le moulin (en 1917 ?) puis un moteur à huile lourde.

Il paraît que les vannes et la roue avaient été installées par Auguste DUVAL en 1899. On parlait des minotiers de Jules BÉRARD, son nom était inscrit là, puis de Maurice LECOMTE, puis de 3 autres avant Robert FRELON.

C’était une grosse minoterie qui traitait 120 hectos de blé par jour.

Elle s’est arrêtée pendant la guerre puis est repartie peu de temps en 1946 ou 47 (afin de toucher les dommages de guerre !)

Puis après, plus rien, c’était fini”.

(Propos recueillis par Marcel VIOLETTE, le 16 Août 1981, auprès de M. PITEL qui avait travaillé au moulin d’Ecouché).

M. V. le 20/10/07 complété le 21/09/18

le moulin des violettes est adhérent à l'ADM 61

Photos propriété du Moulin aux Violettes. reproduction interdites sans l'accord du propriétaire .